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28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 13:35

Article paru le 30 Octobre 2014 sur Tant qu'il y aura de l'argent

Nous avons déjà présenté deux modèles de maintien de l’ordre, le modèle allemand basé sur l’intimidation et la pression policière et le modèle français, basé sur la délégation d’une partie du travail de police aux organisateurs de manifestations et sur une répression à posteriori. Ces dernières années, ces modèles se sont durcis de plus en plus, avec l’introduction de nouvelles armes comme les grenades offensives dont l’utilisation par les gendarmes à provoqué la mort de Rémi Fraisse à la Zad du Testet le 25 octobre 2014, mais aussi de nouvelles méthodes, inspirées de la contre insurrection militaire…

 

Un durcissement du maintien de l’ordre à l’échelle européenne

Cela a commencé avec le mouvement altermondialiste. Celui-ci a été l’occasion pour les manifestants de l’Europe entière de se rencontrer et de lutter ensemble, voire d’affronter la police. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il a aussi été l’occasion pour les différentes polices de collaborer étroitement et de mettre en place de nouvelles méthodes de maintien de l’ordre.

Ainsi, les mobilisations altermondialistes furent le prétexte à l’introduction de moyens de fichages et de quadrillages inédits, mais aussi à une collaboration à l’échelle européenne des forces de police. Ce sont des contrôles aux frontières permettant d’empêcher des militants d’accéder aux lieux de manifestation. C’est aussi le blocage de zones urbaines entières comme par exemple au contre-sommet de l’OTAN de Strasbourg où l’autoroute menant à la ville et de larges portions du centre-ville furent bloqués par la police.

Ce durcissement du maintien de l’ordre est plus global, il ne concerne pas que les contre- sommets altermondialistes. Par exemple, en Angleterre, à partir des années 1980, sous le gouvernement de Margaret Thatcher, dans un contexte de conflits sociaux exacerbés (grèves des mineurs, émeutes contre la Poll tax …), le maintien de l’ordre se durcit et va se militariser. On constate l’apparition d’unités ayant une culture du conflit et du maintien de l’ordre très dures tels que les SPG (special police groups).

En France, il est possible d’observer un durcissement similaire. Ainsi, Hacène Belmessous explique notamment dans son livre « Opération Banlieue«  qu’il y a une hybridation entre militaire et policier dans le maintien de l’ordre dans les cités et quartier populaires. Mathieu Rigouste trace de son côté dans son livre « L’ennemi intérieur«  un parallèle entre les méthodes de la guerre contre-insurrectionnelle mises en œuvre au cours des guerres de décolonisation et les récentes mutations du maintien de l’ordre dans les Zones Urbaines sensibles. Les populations sont perçues comme susceptibles d’héberger un ennemi intérieur et traitées en conséquence, selon un modèle inspiré des guerres coloniales.

 

De nouvelles armes et de nouvelles lois

En France, les lois encadrant le maintien de l’ordre a été changée pour permettre ce durcissement. C’est le sens de la refonte du Code de la Sécurité Intérieure en 2011, et surtout du décret n° 2011-794 du 30 juin 2011.

Il permet l’utilisation d’armes à feu par la police sans qu’il n’y ait de situation de légitime défense. Cela veut dire qu’il permet à la police de tirer légalement à balles réelles sur les manifestants, ce qui peut être utile à la répression dans un contexte insurrectionnel, mais n’est pas appliqué de nos jours.

Par contre, il légitime et banalise l’usage d’armes à feu dites « non létales » (c’est à dire sensée ne pas provoquer la mort)  : flashball et autre dérivés, ainsi que les grenades de désencerclement et grenades offensives (celles dont l’utilisation à provoqué le décès de Rémi Fraisse.)

L’introduction et la banalisation de ces armes de maintien de l’ordre est la conséquence de la nouvelle doctrine contre-insurrectionnelle du maintien de l’ordre. Elles sont toujours « non-létales », c’est-à-dire qu’elles ne sont pas conçues pour tuer, même si elles peuvent le faire. Par contre, elles sont beaucoup plus dévastatrices pour leurs victimes.

On peut citer le flashball, qui tire des balles en caoutchouc très puissantes, les grenades de « désencerclement », qui ont le même effet que le flashball et saturent une zone d’éclats de flashball et qui ne font vraiment pas dans la dentelle. Enfin, il y a les grenades offensives ou à effet de souffle qui assourdissent, désorientent et qui, à courte portée, peuvent causer beaucoup de dommages.

Lance grenade

Lance grenade

Du maintien de l’ordre classique à la répression de type militaire : pas de rupture, mais une continuité.

La conséquence de ces évolutions est la création d’une zone grise entre maintien de l’ordre classique et répression militaire, d’une continuité entre « non-létal » et mortel.

Le résultat direct de la mise en place de ce nouveau maintien de l’ordre a été une brutalité policière accrue. Les mutilations sont devenues plus fréquentes et on ne compte plus les yeux perdus à cause de tirs de flashball. A l’heure où nous écrivons ces lignes, c’est Rémi Fraisse qui a perdu la vie à cause d’une grenade offensive sur la ZAD du Testet.

Ces nouvelles lois sont la matérialisation d’une militarisation du maintien de l’ordre ou plutôt d’une hybridation entre policier et militaire. Par ailleurs, l’armée est aussi formée au contrôle des foules, ce qui lui permet de faire du maintien de l’ordre à l’étranger (par exemple au Kosovo). Cela leur permet aussi de pouvoir intervenir en France comme le permet la loi, depuis le Décret 2007-586 du 24 avril 2007, ce qui fait froid dans le dos…

« En dernier ressort, elles peuvent être requises pour des opérations de force nécessitant des mesures de sûreté exceptionnelles »

Ce durcissement a plusieurs conséquences. La première est à notre désavantage : la répression est beaucoup plus dure. Le fait de risquer de perdre un œil, voire la vie en allant manifester peut en décourager plus d’un ou une, ce qui est très compréhensible.

D’un autre côté, une des tactiques du pouvoir a été de diviser manifestants violents et non-violents. C’est beaucoup plus difficile à faire lorsque n’importe quel manifestant peut perdre un œil. De plus vis-à-vis de l’opinion publique, il est beaucoup plus difficile de délégitimer des « casseurs » qui jettent des pierres qui ne blessent pas les CRS, lorsque « les casseurs » repartent avec des blessés et des morts dans leurs rangs.

Enfin, une brutalité policière accrue risque d’avoir un effet inverse : elle peut pousser des personnes qui, au départ n’auraient pas fait le choix de la violence à rejoindre les rangs de ceux qui résistent de manière plus dure.

En tous cas, la balle est dans notre camp.

 

Source : http://www.tantquil.net/2014/10/30/de-la-continuite-entre-le-maintien-de-lordre-et-la-repression-militaire/

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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 13:46

Article paru sur As Clemmie Wonders le 22 Septembre 2014

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Une réflexion très intéressante sur la différence de jugement et de dénonciation qui peut être portée sur les mecs relous.

Je pense qu'en cette période, c'est bien à méditer et à faire circuler ...

Du caractère polymorphe et multicolore du relou en milieu urbain

Non mais qu’ils ne respectent pas les femmes chez eux, c’est leur problème, mais ici, on est en France"

" Je suis pas raciste, mais j’en ai marre de me faire draguer dans la rue! "

" C’est dans leur culture, ils n’ont pas le même rapport à la séduction".

Ces déclarations n’ont pas particulièrement été tenues par des membres du FN ou même des personnes se disant (se pensant) racistes. Non. Ce sont des déclarations que j’ai entendues, que j’entends régulièrement, dès que l’on parle de harcèlement de rue.

Parce que, comme en parlait récemment un article de rue89, c’est un fait : pour beaucoup de personnes, y compris les victimes de harcèlement de rue, les agresseurs de rue ne sont que des mecs de banlieue, de cité, de quartiers populaires. Que des immigrés, des fauchés, des lascars, des cailleras, des ouaich, des rebeus, des renois… Je parle souvent de harcèlement de rue, avec beaucoup de personnes. Et la récurrence des déclarations précédentes m’attriste.

Non, elle me révolte, en fait. Elle me met hors de moi.

Parce qu’en ne parlant que d’un type très spécifique de harcèlement, mes copines Blanches et/ou bourgeoises invisibilisent totalement un autre type de harcèlement que, pourtant, les femmes racisées vivent aussi fréquemment et avec autant de violence.

J’habite dans un quartier très bourgeois qui est aussi le quartier des putes de la ville. Il y a quelques semaines, un homme d’une cinquantaine d’années se dirige vers moi. Rapidement, sans se présenter ni même me saluer (même pas un “ouaich la miss”), le mec me propose de baiser, il a de l’argent, il veut bien en mettre. Le temps de comprendre et de réagir, et je tente de m’éloigner en déclinant, agacée. Mais le monsieur m’attrape, me bloque contre le mur et insiste, en chuchotant “allez, j’ai envie, j’peux payer, laisse-toi faire, j’te trouve bonne…”, les supplications du gamin persuadé que le fait qu’il ait très envie justifie qu’il prenne. Il me faut encore quelque secondes pour réagir. Et puis j’explose. Je l’insulte de tous les noms que je connais, je le repousse, je me dégage, je hurle, je le pourris, il s’éloigne.

Dans la rue, les passants sourient, amusés. Moi je tremble, je bouillonne et ne vois pas ce qui les amuse. Et, alors que je me remets en route, j’entends le vendeur du magasin de chaussures d’à côté (sorti pour voir ce qui se passait) déclarer à sa collègue “non, rien, juste une pute qui fait du scandale”.

Une bourgeoise se serait fait coincer comme moi par un lascar ou un mec racisé, les gens se seraient empressés de lui demander si ça va?, elle n’a rien?, ne veut pas appeler la police?. Mais je suis une meuf racisée en mini-short et collants troués qui décline les avances d’un monsieur qui doit porter trois mois de mon loyer sur le dos, et je ne suis rien d’autre qu’une pute qui fait du scandale. Parce que décliner les avances d’un homme de classe supérieure, c’est faire du scandale, faire l’intéressante, c’est moins légitime que de repousser celles d’un kéké, parce que pour un homme, argent est gageure de pouvoir de séduction, parce que l’époque où on renversait les gueuses dans un coin de ruelle sans en payer la moindre conséquence n’est pas si lointaine…

Ils sont bien Blancs aussi, les mecs qui me suivent en voiture (avec parfois le siège bébé à l’arrière) jusque chez moi, même après que je leur ai dit et répété que non, je ne suis pas en train de travailler, juste en train de rentrer chez moi, laissez-moi maintenant.

Ils sont toujours Blancs ceux qui croient que l’argent leur donne le droit de.

Ils sont souvent Blancs ceux qui m’exotisent et projettent sur moi leurs fantasmes de néo-colons en accompagnant leur drague de tous leurs clichés sur les Noires. “Gazelle”. “Tigresse*”. “Lionne”. “Sauvageonne”. “Sauvage”. “Beyoncé”. “Rihanna” ” *N’importe quelle Noire sexy et à la mode* “

Ils sont bien blancs aussi les mecs de l’école de commerce du quartier qui viennent s’abreuver de bière virile au bout de ma rue. Ils étaient tous bien blancs et de polos vêtus le soir où, après que j’ai décliné leurs invitations à rejoindre leur table, ils ont commencé à m’appeler “Nafissatou” et à gueuler, de façon à ce que tout le monde l’entende, comment ils me prendraient quand j’aurais bu suffisamment ou laissé mon verre sans surveillance. Ils étaient une grande tablées de mecs Blancs de bonne famille à trouver hilarant de me menacer explicitement (mais pour déconner) de viol pour me punir de les avoir éconduits.

C’est au cours d’une soirée d’école d’ingénieurs qu’après que j’ai poliment repoussé la drague polie d’un mec très poli, je me suis fait traiter de sale négresse et fait expliquer qu’il fallait pas que je me fasse de films, je n’étais qu’un choix de repli, les “filles comme moi” ne font partie que de celles qu’on veut baiser quand on s’est pris un stop par les meufs qu’on veut épouser.

Du caractère polymorphe et multicolore du relou en milieu urbain

Dans le travail aussi. C’était un bon bourgeois qui, alors que j’étais encore stagiaire, m’appelait sur mon lieu de travail, saluait mes boss avant de leur dire “c’est à votre petite stagiaire que j’ai envie de parler”. C’était un grand bourgeois qui, un soir de vernissage a essayé d’obtenir de moi des gâteries dans la cuisine de la galerie, me promettant qu’il ferait de moi “quelqu’un”, comme si je n’étais personne. C’était un Blanc qui en réunion, devant mes collègues et mes supérieurs, s’amusait à commenter mon tour de taille et à se plaindre du fait que je refusais ses invitations à dîner. C’est un groupe de Blancs qui, après la réalisation d’un projet commun, a trouvé drôle de proposer de me “faire tourner” pour fêter notre succès. Ce sont toujours des Blancs qui m’ont menacée de “me griller dans le milieu” si ne me mettais pas à quatre pattes. Ce sont toujours des Blancs qui m’ont prise en otage et ont joué de leur position de pouvoir pour que je me sente coincée, humiliée, affichée, obligée. Ce sont toujours des Blancs qui m’ont fait sentir que, quoi que je fasse, quoi que j’accomplisse, à un moment ou un autre, on me remettra toujours à ma place de chatte sur jambes.

 

Alors oui, je sais, il y a les “ouaich la miss” et les “madmouazel, t’es très très charmante”. Mais il n’y a pas de mystères les gens : si les banlieusards et les scarlas sont un peu en avance sur le harcèlement de rue, c’est que la harcèlement de bureau et le harcèlement de bar sont déjà pris. C’est qu’en fait, les banlieusards et les scarlas, on n’a pas trop envie de les voir ailleurs que dans la rue. Les banlieusards, les lascars et les ouaichs investissent l’espace qu’on leur laisse. Je ne dis pas que leur sexisme est moins grave ou moins violent. Je dis qu’il serait temps d’arrêter de ne parler que de celui-ci. Pendant qu’on s’acharne sur celui-ci, celui-là s’assied, déplie ses jambes et s’installe.

Et de remettre les choses à leur place :

 

Non, ce qui est révoltant, ce n’est pas de se faire draguer par un homme de classe inférieure. Non, ce qui est vexant, ce n’est pas qu’il me prenne pour une fille de son quartier.

 

Non, le problème n’est pas que son vocabulaire ou sa répartie soit limitées et que sa drague manque de prose ou de mots à trois syllabes.

 

Ce qui est révoltant c’est d’être sexualisée, tout le temps, tous les jours, dans tous les contextes.

 

Ce qui est vexant, c’est la banalisation de l’insulte sexiste dans l’espace public.

 

Le problème c’est que me sens moins légitime à aller et venir dans cet espace. Le problème c’est que malgré mon droit inaliénable de me promener, j’ai envie de m’excuser d’être présente, je me sens comme une intruse sur le pavé, comme une invitée suspecte dont on épierait les faits et gestes. Et le cul.

 

Qu’on se le dise une fois pour toute : Le harcèlement de rue n’a pas d’origine géographique, de religion ou de culture (à part celle du viol). Le harcèlement de rue est la conséquence du patriarcat. Et le patriarcat n’est pas défendu par les seuls banlieusards, mais par tous ceux qui croient et affirment qu’il est le fait des autres. Le patriarcat porte autant le costard-cravate Hugo Boss que le survêt Lacoste ou le jean Célio. Mais il semblerait qu’il soit plus aisé de se plaindre de l’autre que de l’un…

 

Chères personnes anti-sexistes : subir une oppression ne devrait jamais être un prétexte pour en exercer une autre. Se révolter, c’est (très très) bien. Le faire avec intelligence et sans ethnocentrisme, c’est mieux.

Bisous

 

* Moi je le sais qu’il n’y a pas de tigreSSE en Afrique. Ce sont les relous qui sont pas au courant

 

source : http://clemmiewonder.tumblr.com/post/98134059269/du-caractere-polymorphe-et-multicolore-du-relou-en

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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 13:23

Article publié sur Tant qu'il y aura de l'argent le 15 Octobre 2014

Fin du monde, crise, épidémie, catastrophe naturelle : l’effondrement est à nos portes et il faut s’y préparer. C’est du moins ce que prétend le survivalisme. Et s’y préparer, cela signifie se méfier des autres, qui constituent des menaces potentielles. Pour une frange importante de ce mouvement, on est plus encore une menace si on est basané ou pauvre. Kit de démontage de ce type de positions, qui bien qu’isolées, infusent dans l’inconscient collectif.

Qu’est ce que le survivalisme ?

Il s’agit d’une idéologie politique qui repose sur un mythe puissant, la catastrophe (mondiale généralisée). On n’a ensuite que l’embarras du choix du genre de catastrophe, selon les goûts de chacun.

On peut classer le tout en deux grands thèmes :

La menace vient de l’espace… Ou en tout cas est d’origine extérieure à la société (pluie de météorites, inversement des pôles magnétiques… on n’est limité que par son imagination)

Tout est pourri de l’intérieur… Comprendre : l‘effondrement germe depuis l’intérieur de la société, comme dans le cas des crises économiques. Mais on peut aussi citer les épidémies que la société n’arrive pas à gérer, voire suscite ( virus mutant, ébola, grippe aviaire …)

Une chose est en revanche commune chez tout ce beau monde : la conviction que les raisons profondes de l’effondrement à venir de «  la civilisation » sont morales.

La société industrielle et L’État sont présentés comme décadents (c’était vachement mieux aaaavant), corrompus, de fait pas à même de résister à une crise ou une catastrophe de grande ampleur.

Les raisons évoquées pour expliquer cette « corruption » sont des vieux classiques réacs : la société, vue comme un corps organique, subirait le parasitisme social/ serait gangrénée par de catégories de la population tels les représentants de la finance. Chez les plus fachos, on accuse directement les juifs. Dans les raisons évoquées, on peut citer aussi pêle-mêle la mondialisation, le féminisme, la fin de l’étalon-or, l’islam, et sûrement aussi le mariage gay, la pilule…

Comme dans la Bible et d’ailleurs parfois en la citant, la Ville ( ouh, Babylone!) est à la fois le symbole et l’origine de cette corruption morale. C’est aussi là où la catastrophe sera la plus dévastatrice et il convient donc de fuir les villes si possible pour se réfugier dans la cambrousse.

Un post-capitalisme des imbéciles, le survivalisme.

Le foyer rêvé des survivalistes : la petite maison dans la prairie du Ve Reich.

Face à cet effondrement, il s’agit pour les survivalistes de recréer une organisation sociale « saine ». Tout d’abord, comme on l’a vu, cela signifie fuir la ville, et les grandes concentrations d’êtres humains, et valoriser le groupe restreint. Il y a une controverse chez les survivalistes, entre les partisans forcenés de l’individu, les partisans du binôme, et ceux qui veulent la jouer un peu plus collectif.

Mais tous sont d’accord pour dire qu’une fois passé les pires moments du début de l’effondrement, où l’homme sera un loup pour l’homme, et le survivaliste un taré avec pleins de flingues, il faudra bien reconstituer des groupes.

Dans la société survivaliste, il y a la tribu, les autres tribus, et enfin les autres tout court. On ne vous cache pas qu’il vaux mieux ne pas être considéré comme un « autre » tout court. Mais ne vous inquiétez pas, c’est pas non plus la joie dans la tribu, surtout si on est une/ pour les femme. Si vous voulez vous faire une idée, pensez à une version « Ve Reich » de la petite maison dans la prairie ( qui est déjà bien gratinée).

Le premier cercle, c’est donc la tribu, composée de la famille, élargie à la limite à des proches. Il s’agit, dans l’imaginaire survivaliste, de revenir à un fonctionnement « plus naturel » et on ne vous cachera pas que « nature » signifie essentiellement un « retour » à un ordre réactionnaire centré sur la famille/ les liens du sang, accompagné dune division du travail entre les genres. Les femmes, assignées au rôle de reproductrices, les hommes à la guerre, et vogue la galère.

Ces conceptions sexistes sont particulièrement dangereuses, car elles sont assez partagées : derrière l’aspect science-fiction, il y a l’idée que la division genrée du travail s’organise autour de questions pratiques ( les femmes serait plus faibles, le fait de porter un enfant ou d’allaiter les empêcherait d’aller à la chasse ou à la guerre. ) Mais ces justifications, c’est du bidon. Les taches dévolues aux femmes dans nombre de sociétés de chasseurs-cueilleurs, par exemple, sont aussi physiques, sinon plus que celles réservées aux hommes. Ce qui est clair, en revanche, c’est qu’instituer un monopole masculin sur les armes permet de soutenir la domination masculine.

Voir à ce sujet une brochure qui résume le livre intéressant de C. Darmengeat, Le communisme primitif n’est plus ce qu’il était. http://cdarmangeat.free.fr/?p=d

Et nul besoin d’aller chercher plus loin pour comprendre que c’est exactement ce principe que défendent les survivalistes : défendre, s’il le faut les armes à la main, la domination des hommes sur les femmes.

Extrait du premier tome de la série BD "Walking Dead".

Extrait du premier tome de la série BD "Walking Dead".

Le groupe s’efforcera aussi d’arriver à l’autarcie, au moins à l’autonomie alimentaire. Pour les échanges qui subsistent, les survivalistes préconisent soit le troc, soit le retour à une monnaie  basée sur  l’or, ou un autre équivalent général. ( Pour y voir plus clair sur ces subtilités monétaires, on vous conseille la BD qu’on à fait la dessus.)

Une conception paranoïaque des rapports sociaux.

Enfin, comme on l’écrivait plus haut, il ne fait pas bon être un étranger, dans un monde où les survivalistes sont les boss de la cour de récré. En fait, pour comprendre un peu l’univers survivaliste, le mieux est de penser à un film de zombie. Vous voyez ces pauvres loques qui vous foncent dessus pour essayer des vous bouffer et qu’il est clairement impossible de raisonner ? Eh bien, pour les survivalistes, tout ceux qui ne sont pas leur proches doivent être considérés comme des zombies. Des gens avec qui on ne peut pas négocier. C’est que l’ennemi n’est pas un interlocuteur potentiel. Ni négociations, ni prisonniers, juste une lutte à mort.

Ceci dit, il ne s’agit pas que des étrangers : l’ennemi est aussi interne. Au sein de la communauté peut surgir à tout moment des menaces à son fonctionnement qu’il s’agit de guetter et d’éliminer en mode les sorcières de Salem, là aussi pour garantir l’unité, la pérennité du groupe menacé par la corruption.

Où se diffuse le survivalisme ?

Au départ, il s’agit surtout d’un phénomène états-unien, issu de la guerre froide et alimenté par une série d’écrits marqués à l’extrême droite, voire néonazi. L’un des premiers ouvrages à connaître une certaine audience est  « Famine et survie en Amérique » (1974) de Howard Ruff centré sur la nécessité de se procurer de l’or en cas de crise ( ce qui au passage devait sûrement faire les affaires de Ruff, vu qu’il spéculait dessus) . Sorti un peu plus tard, on peut aussi citer  » La Stratégie Alpha » (1980) de J. Pugsley, mais on pourrait énumérer toute une littérature théorique diffusée sous formes de brochures et de fanzines qui s’articulent autour des mêmes thèmes : dénoncer la corruption morale de la société, affirmer l’imminence de l’effondrement et appeler à s’y préparer concrètement.

De plus, l’un des traits caractéristique du survivalisme et qui participe du succès de sa diffusion, c’est le support fiction. Quasiment dès l’origine de ce courant on trouve des romans d’anticipation qui explorent les thèmes survivalistes, diffusent les bases de l’idéologie sous une forme plus ludique et accessible.

Ce succès littéraire gagne rapidement l‘industrie culturelle américaine qui récupère ce thème dès les années 1970. Films et séries exploitent le survivalisme avec plus ou moins de bonheur. Comme en témoigne l’essor des films de zombie (700 depuis 1985), les films de pandémie et plus généralement la prégnance du thème de l’effondrement dans la production de films de ces 30 dernières années. Les séries participent aussi ces dernières années de la mode, avec the Walking Dead, Revolution, Falling Skies, Sibéria, Dead set, Survivor. Sans parler des jeux vidéos catastrophistes dont la série des Fallout est la figure de proue.

Ces fictions ne sont évidemment pas sérieuses, et une partie développent même des positions opposées au survivalisme. Elles participent cependant à façonner un imaginaire catastrophiste, reprenant aussi les mythes fondateurs des États-Unis, formant « un air du temps »… A tel point que la chaîne de télévision National Geographic diffuse un programme de téléréalité dédié au phénomène, intitulé « Doomsday preppers« .

Sur un mode plus sérieux, on trouve sur internet, forum, sites, toute une survivalosphère souvent en lien avec les délires complotistes s’est développée, aux EU mais aussi en Europe. On voit même le développement d’un secteur marchand de « prepping » qui permet de faire des stocks (alimentations, électricité, armes) pour se préparer à l’effondrement.

Un post-capitalisme des imbéciles, le survivalisme.

Qui sont les survivalistes ?

Les preppers sont un vrai phénomène social : plus de  3 millions de personnes stockent des rations de survie et armes en vue de l’ effondrement.  ( Oui, ils se font appeler preppers, parce que « survivaliste » ça fait trop « psychopathe qui vit dans les bois »… )

En France, le phénomène est loin du niveau d’outre atlantique, bien que les ventes de nourriture lyophilisée augmentent. Bien sûr, c’est surtout l’extrême droite qui s’y intéresse. En France, par exemple, Alain Soral à créé sa ligne de matériel survivaliste et vend des manuels de survie.

De quoi le survivalisme est il l’expression ?

Nous l’avons vu, le discours survivaliste connaît une large diffusion. S’il en est ainsi, ce n’est pas du fait des scénaristes de Hollywood, malgré tout leur talent. C’est qu’il est un produit typique du capitalisme contemporain. Il s’appuie sur l’atomisation individuelle, la nostalgie des rapports sociaux traditionnels bouleversé par le capital. Et si le survivalisme en tant que tel est clairement d’extrême droite, certains traits qui le composent peuvent se retrouver bien au delà (la nécessité de se préparer à la catastrophe, de constituer des groupes restreints, de fuir la ville pour constituer des bases autonomes…)

Le point commun à ces différentes positions:  l’absence de perspective de classe.

Cela s’explique en partie par les bouleversements sociaux majeurs qu’a connu la société capitaliste depuis les années 70, appelé par certains marxistes la « restructuration ». (voir notre notion) Cette restructuration a non seulement précarisé les prolétaires, fait exploser le chômage et baisser les salaires, mais aussi provoqué l’effondrement du mouvement ouvrier traditionnel. C’est à dire des partis et syndicats de masse encadrant les prolétaires.

Ainsi, l’une des conséquences de cette contre-révolution capitaliste, c’est d’avoir renforcé l’atomisation de la société, et sapé les solidarité de classe que portait le mouvement ouvrier traditionnel. Cela a encore donné plus de crédit aux idées dominantes (c’est à dire celle de la bourgeoisie) selon lesquelles il existeraient une nature humaine qui nous forcerait à nous comporter les uns envers les autres comme des bâtards. Le problème, c’est que même en suivant l’hypothèse de base des survivalistes ( la catastrophe) ça ne se passe pas forcément comme ça.

La bêtise du fantasme survivaliste confrontée à la réalité des phénomènes catastrophiques.

Les tremblements de terre qui ont ravagés Haiti ou le Chili, l’ouragan Katrina à la Nouvelle Orléans : les exemples de catastrophes naturelles ne manquent pas ces dernières années. Loin d’être le théâtre d’une guerre opposant les survivants les uns aux autres tels des bêtes sauvages, ces situations ont vu nombre de survivants déployer des trésors de solidarité collective et d’entraide.

Cet article étant déjà assez long, concluons simplement sur un exemple : après l’ouragan, à la Nouvelle Orléans, les habitants se sont organisés ensemble. Ils ont mis en commun leurs moyens, protégés les malades et les personnes âgées. Les ouvriers des raffineries sont rentrés dans les entrepôts des bateaux, pour les prendre et sauver leurs voisins agrippés aux toits dans les eaux de l’inondation ; les mécaniciens ont aidés à démarrer toutes les voitures trouvables pour qu’elles acheminent des gens en dehors de la ville ; les ouvriers de restauration ont récupérés tout ce qu’ils pouvaient pour improviser des repas communaux pour des centaines des personnes abandonnées.

Et ils ont du faire tout cela sans aide et même de facto contre les policiers, puis les mercenaires de black water déployés sur place, qui ont protégés les propriétés privées au détriment des besoins de la population.

C’est que la ligne de conflit, n’en déplaise au survivalistes, n’était pas « tous contre tous ». Elle était entre l’organisation collective, de classe, de la solidarité et la gestion capitaliste de la pénurie. Une gestion capitaliste qui aggrave encore le désastre, et ne voit dans la catastrophe qu’une nouvelle occasion de se faire du fric ( en virant les prolétaires noirs de la Nouvelle Orléans, par exemple).

Il en est de même dans la crise.

 

Source: http://www.tantquil.net/2014/10/15/le-survivalisme-le-post-capitalisme-des-imbeciles/

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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 13:21

Publié sur Tant qu'il y aura de l'argent le 19 Janvier 2015

Ou comment comprendre en s’amusant la situation des pays du sud de l’Europe. La montée d’une nouvelle social-démocratie représentée par Syriza en Grèce et Podemos en Espagne fait miroiter chez certains prolétaires de ces pays un changement de situation. Mais autant le dire tout de suite, à tantquil on ne croit pas trop que le changement pourra provenir des urnes…

Bientôt trois ans ont passé depuis que nous vous avions parlé de la crise de la dette au travers de la petite histoire de Yorgos, Dominique, Jojo, et toute la fine équipe. Afin de mieux apprécier l’histoire qui suit, nous vous conseillons fortement d’en relire la première partie. C’est fait ? Vous avez la flemme et voulez la relire plus tard ? Bon, alors passons à la suite.

Pour celles et ceux qui se perdraient dans les prénoms et tout ça, il y a à la fin de l’article un petit récapitulatif.

Yorgos et Dominique galèrent depuis plusieurs années, écrasés par des dettes qu’ils ont beaucoup de mal à rembourser. Ces dettes, ils les ont contractées auprès de Jojo, un type un peu friqué qu’ils ont rencontrés au bar PMU du coin ou ils ont leurs habitudes.

Avant qu'il change de look et de clientèle...

Avant qu'il change de look et de clientèle...

La situation des deux potes de bars était et reste différente : Yorgos est allocataire du RSA, sa dette est très lourde… En bref c’est la misère. Pour Dominique, qui est salariée, bien qu’au chômage partiel c’est un peu moins difficile, même si les temps sont durs et ne risquent pas de s’améliorer.

Mais nous reviendrons sur le cas de Dominique plus tard.

La relation de Yorgos et de son créancier Jojo, a connu des hauts et des bas. Après un long psychodrame, qui a vu Yorgos au bord de la faillite risquer de tout plaquer, la situation s’est normalisée. Du moins, en apparence. La raison de cette normalisation ? L’intervention de Jacqueline, la patronne du bar PMU où tout ce beau monde se retrouve.

Jacqueline est consciente que sa clientèle se compose de galériens divers, qui ont du mal à boucler leurs fins de mois. Elle sait aussi que sans la consommation de ces galériens, son bar ferme. Alors elle à fait à Jojo une proposition que ce dernier n’a pas pu refuser :

Combien te doit Yorgos ? Lui a-t-elle demandé, en lui resservant un demi.

Eh, encore près de 3300 euros. Mais je ne sais pas combien il va m’en rendre réellement, tu sais, c’est une cloche… lui répondis Jojo, l’air de dire « on est du même monde, tout les deux ».

OK. Laisse moi te propose un truc.  Je te rachète sa dette. Je te file maintenant, cash, la moitié, et on en parle plus.

La moitié ? Eh c’est pas lourd ! Faut que je bouffe aussi!

Monsieur est dur en affaire… Si tu donne ton accord, en plus, je t’efface aussi une partie de ton ardoise à toi. On est bon ?

On est bon.

Voilà comment Jacqueline est devenue la principale créancière de Yorgos.

Lorsque Yorgos s’est pointé à nouveau dans son bar favori, Jacqueline l’a pris entre quat’zyeux et lui a expliqué l’accord. Désormais, ce serait elle son interlocuteur. Mais pour commencer et fêter l’accord, elle lui paya un coup. Toujours picon-bière ? Allez, va pour une pinte. Jacqueline est une nana généreuse, quand elle s’y met.

Si l'Union européenne était un bar PMU

C’est pas pour autant la fête, pour Yorgos : tout les mois, Jacqueline débarque chez lui, avec deux potes, pour vérifier ses comptes. Il s’est fait confisquer son ordinateur portable, son smartphone… Il a même du revendre sa collection de BD!  Il travaille au black, fait des gâches à droite à gauche payé au lance pierre. Il a revu ses ambitions à la baisse, c’est sûr. Quand on est chômeur de longue durée…

Aujourd’hui, c’est le début de l’année et Yorgos fait le bilan. Il est au bout du rouleau. Il a perdu trois dents et n’a pas les moyens d’aller chez le dentiste. Il est obligé de porter plusieurs pulls, car il a dû se passer de chauffage. Un vieil ordi qu’il a trouvé dans les poubelles lui permet encore d’aller sur internet via un wifi piraté et il y cherche en vain des idées pour se sortir de la merde.

Parfois, un vieux pote à lui, qui a perdu sa piaule, vient crécher à la maison. Sur des sites de fans chelous de monsieur propre animé par des gens soit-disant pleins de bons conseils, il a lu que le premier truc à faire est d’interdire sa maison aux gens comme ça, qui vous « tirent vers le bas ». Une petite partie de lui en a bien envie, parfois. Mais il sait bien que c’est de la merde, et que cela ne résout rien, sauf à l’isoler davantage : c’est pas son vieux pote qui l’a mis dans la merde, c’est le fonctionnement de cette société.

Alors, en surfant sur des forums de travailleurs sociaux, il lit d’autres textes, qui lui paraissent plus sérieux et réalistes. Selon les conseils des travailleurs sociaux, il devrait renégocier sa dette avec Jacqueline, gratter un peu de maille, au moins de quoi faire changer ses dents, quoi ! S’il peut à nouveau arborer un beau sourire, peut-être qu’il se fera plus facilement embaucher ?  Et puis il fait trop de dépenses inutiles : il doit réduire sa consommation d’alcool, faire du sport en plein air, avoir des loisirs pas chers et tout ira mieux ! Et enfin si Jacqueline n’est pas contente, hein, il peut toujours menacer de ne plus jamais revenir dans son bar !

Jacqueline, de son côté, à eu vent des états d’âmes de Yorgos. Alors elle dit à qui veut l’entendre qu’il n’y à « aucun souci, Yorgos peut quitter son bar, s’il veut la jouer comme ça, mais qu’elle, restera droite dans ses bottes !  Plus personne ne fera d’ardoise à ce tocard pour boire un coup, si on apprend qu’il a planté le bar PMU ».

Au final, Yorgos n’a pas encore tranché. Pas plus que sa pote Carmen, un peu dans le même cas que lui.

Mais vous savez quoi ? Tout ça ne changera pas grand chose, au final. Parce que Jacqueline acceptera d’aménager un peu la dette de Yorgos. Elle grogne juste pour la galerie. Et parce que Yorgos n’a aucune intention d’aller trop loin dans ses résolutions : c’est juste un ravalement de façade.

En définitive, aucune bonne gestion de la dette de Yorgos ne le sortira de la merde, c’est plus profond que ça. Et de plus, il sera toujours au chômage. Yorgos n’a rien à attendre de ces solutions vaseuses pour mieux gérer son budget. Même dans le cas ou tout cela s’envenime, Yorgos peut quitter le bar, s’engueuler avec Jacqueline et choisir de se passer de picon pour boire des 8.6 dans la rue, ça ne changera pas non plus la question : tant qu’il y aura de l’argent, il n’y aura pas assez de bière pour tout le monde.

Représenté par Yorgos : le prolétariat grec, aujourd’hui dirigé par une coalition de droite, mais qui est tenté par le parti de gauche keynésien Syriza, qui promet une gestion plus humanitaire de l’économie. Les fachos d’aube dorée ont aussi fait une petite percée, mais restent pour l’instant fort heureusement bien minoritaires.

Représenté par Jojo : les créanciers privés de la Grèce. Comme nous l’écrivions plus haut dans l’histoire, ceux-ci, non contents d’avoir pu transférer leurs dettes à la banque centrale qui l’a racheté moyennant une décote, ont aussi été indemnisés par les états (ce que nous avons résumé par le fait que JC efface une partie de l’ardoise de Jojo.)

Représenté par Jacqueline : pêle mêle l’UE, la Banque Centrale Européenne, les différents créanciers publics, aujourd’hui principaux détenteurs de la dette grecque ( à hauteur de 90 %) on comprend aussi que le bar PMU, c’est bien entendu la zone euro…

Représenté par Dominique, les prolétaires des pays du centre (riches) de l’Europe, comme la France ou l’Allemagne.

Représenté par Carmen, vous aurez reconnu les prolétaires qui vivent sur le territoire de l’état espagnol.

Bien sur, tout ceci n’est qu’une fable, une métaphore, avec toutes les approximations que cela comprend. Nous reviendrons rapidement sur la situation en Grèce et en Espagne, avec la montée des partis dits « anti-austérité », soit Syriza et Podemos. Disons qu’à tantquil, l’arrivée au pouvoir de ces réformateurs dont le programme est moins radical que celui de Mitterrand en 1981 ne nous vend pas du rêve, c’est clair. Et au passage les discours sur « ces feignants de Grecs » ne sont pas sans rappeler ceux sur « ces assistés de RSAstes » ou autres joyeusetés qu’on entend par ci par là. Et l’austérité imposée, avec mise du pays sous tutelle, a un air de famille avec la tutelle sociale de nos latitudes…

 

Source:  http://www.tantquil.net/2015/01/19/retour-sur-la-crise-de-la-dette-2/

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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 13:42
Contre les violences policière et la violence étatique
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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 12:24

Article paru sur Rue 89 le 10 Janvier 2015

Brisons le silence sur ce qui se passe en Espagne!

Metteur en scène et dramaturge, Astrid Menasanch Tobieson travaille entre la Suède et l’Espagne. Elle est membre du groupe de théâtre Sta ! Gerillan. La lettre ci-dessous était initialement adressée aux journalistes suédois et a été publiée le 19 décembre. Avec l’autorisation de l’auteure, la traductrice a pu la retranscrire en français.

Mathilde Rambourg

 

La lettre d’Astrid Menasanch Tobieson

Bouleversée, je vous écris sous le coup de l’indignation. L’Espagne, dans peu de temps, empruntera le chemin qui mène d’une démocratie ouverte à ce qui risque de devenir une démocratie fasciste et autoritaire.

Je vous écris après les événements qui se sont produits dans le quartier de Kärrtorp à Stockholm (où un groupe néonazi ultraviolent a attaqué une manifestation antirasciste il y a quelques jours).

Je vous écris à propos de qui se trame en Espagne. Je crois en tout cas que la Suède et l’Espagne se ressemblent en un point : l’avancée du fascisme devant l’indifférence de la société. Le 19 novembre, le gouvernement espagnol a approuvé un projet de loi dont le but est d’en finir avec les manifestations et les contestations au régime actuel. La méthode est classique : instaurer le silence grâce à la répression.

Je vous demande maintenant de l’aide, je vous demande d’informer. Le samedi 14 décembre à Madrid s’est déroulé une des 6 000 manifestations qui se sont organisées cette année en Espagne. Je le répète : une des 6 000.

Ces dernières années, le réseau de protection sociale a été ébranlé : privatisation des théâtres, tentatives de privatiser les hôpitaux, droit du travail ébranlé et transformé depuis sa base, licenciements innombrables, familles chassées de leur domicile, éducation civique suspendue dans les écoles, etc. Et afin de clore une longue liste, le vendredi 20 décembre, le gouvernement a approuvé la réforme du droit à l’avortement.

Ce que l’on a désigné comme une crise économique est, depuis le début, avant tout une crise démocratique. La couverture médiatique en Suède et en France sur la situation en Espagne a été très faible, et son analyse d’un point de vue social, inexistante.

La manifestation qui s’est tenue au pied du Congrès de Madrid le samedi 14 décembre, avait pour but de protester contre une nouvelle proposition de loi : la « ley de Seguridad Ciudadana », loi de Sécurité citoyenne.

 

Un groupe Facebook : 30 000 euros

Cette loi, qui contient 55 articles et punit autant d’actes différents, prévoit des amendes pour le manifestant, allant de 100 à 600 000 euros. Les infractions ?

  • Pour commencer, toutes les manifestations non-déclarées et prenant place devant le Congrès ou autre édifice appartenant à l’Etat – comme celle qui s’est déroulée samedi 14 à Madrid – seront interdites et la sanction ira jusqu’à 30 000 euros par participant. Cela sera le cas lorsque plusieurs personnes seront considérées comme un groupe.
  • L’interdiction des manifestations non-déclarées s’appliquera également aux réseaux sociaux. Se rassembler en tant que groupe sur Internet, autour d’une opinion, sera sanctionné de 30 000 euros. Créer un groupe, sur les réseaux sociaux ou dans un lieu public, autour de symboles ou de drapeaux, sera interdit : 30 000 euros d’amende.
  • Si dans une manifestation, un citoyen manifeste avec une capuche ou avec le visage couvert : 30 000 euros d’amende.
  • Refuser de décliner son identité devant un policier : 30 000 euros.
  • Empêcher un policier de remplir sa fonction : 30 000 euros, ce qui, dans la pratique, signifie que les sit-in comme ceux qui initièrent le mouvement du 15-M en Espagne [ « Les Indignés », ndlr], seront strictement interdits.
  • Déshonorer le drapeau espagnol : 30 000 euros [en France, cet acte est passible de 1 500 euros d’amende, ndlr].
  • Réaliser un dessin satirique, prenant pour sujet, par exemple, un politique, sera interdit.
  • Utiliser des pancartes critiquant la nation espagnole : 30 000 euros.
  • Filmer ou photographier un policier en service : 30 000 euros.

 

Et la liste n’est pas exhaustive. Dans tous les cas, le témoignage d’un policier ou d’un agent de sécurité sera suffisant pour infliger une amende au citoyen.

D’aucuns peuvent par conséquent se demander : l’Espagne fait-elle face à un mouvement de manifestations violentes ? Eh bien non. Le chef de la police Ignacio Casido a déclaré que ces 6 000 manifestations sont jusqu’à ce jour le mouvement le plus pacifique de l’histoire de l’Espagne.

Il n’y a pas si longtemps, l’Espagne était encore une dictature. Il n’y a pas si longtemps non plus que la guerre civile a eu lieu. Tous les débats sont politiques. Informer d’un événement est un acte politique. Ne pas le faire est un acte politique. Le silence est, au plus haut point, un acte politique. Le choix de garder le silence se fige dans la mémoire des générations. Cette loi néofasciste qui va être votée n’est pas sans lien avec la montée des fascismes en Europe. Cela nous concerne tous.

Je m’adresse à tous les journalistes, aux éditorialistes en France. Vous qui détenez l’espace médiatique. Je vous demande sincèrement de briser le silence vis-à-vis du régime qui est en train de s’imposer en Espagne.

Je vous demande de commencer à informer. Je vous demande de soutenir la liberté d’expression avec vos articles et vos apports au débat, je vous demande d’y apporter des analyses rigoureuses et profondes. Informez ! Informez sur tout !

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com/2014/01/10/brisons-silence-passe-espagne-248918

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21 janvier 2015 3 21 /01 /janvier /2015 14:33
Projet crocodile, et si on parlait de harcelement?

Le projet crocodile propose de traiter les violences sexistes de notre soit-disant société égalitaire d'une manière originale: la bande dessinée. Loin du discours dominant, le projet ne se contente pas de dénoncer, il présente aussi un aspect explicatif sur ce que sont le harcèlement, le viol conjugal, et le sexisme ainsi que la façon dont ils sont ressentis au quotidien. De plus, le projet tente d'apporter des solutions en proposant entre autres des réactions à avoir lorsque l'on est témoins de ces violences.

Projet crocodile, et si on parlait de harcelement?
Projet crocodile, et si on parlait de harcelement?

Pour l'anecdote, les planches de l'auteur belge Thomas Mathieu devaient faire l'objet d'une exposition à Toulouse lors des manifestations culturelles prévues les 25 novembre dernier, à l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Pourtant, aucun des dessins ne seront alors exposés, l'idée à tout simplement été enterrée. Pourquoi? et bien parce que les histoires de crocodiles harceleurs seraient "vulgaire" et "immorale". Pourtant, elle ne sont que le reflet d'une réalité vécues, toutes les histoire sont des témoignages recueillis par l'auteur parmi ses connaissances et les internautes. Alors messieurs et mesdames les élus toulousains qu'est ce qui vous choque?

Pour plus d'info sur cette histoire : le Monde ou Libé

Projet crocodile, et si on parlait de harcelement?
Projet crocodile, et si on parlait de harcelement?

Pour ma part je trouve que le projet n'a rien de choquant, c'est la réalité qu'il dénonce qui l'est!

Alors diffusons et diffusons encore cette initiative, choquons sans limite!

Le site du projet : http://projetcrocodiles.tumblr.com/

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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 10:10
Présentation du livre &quot;Trop jeunes pour mourir&quot; le 11 décembre

Le jeudi 11 décembre à Montpellier aura lieu la présentation du livre de Guillaume Davranche "Trop jeunes pour mourir" ayant pour thème la lutte des anarchistes contre la première guerre mondiale. Elle aura lieu à 19 heures à la librairie Scrupules.

Pouvait-on empêcher la guerre de 1914-1918 ?

En juillet 1914, tous les Français ont-ils marché comme un seul homme pour défendre « la patrie en danger » ? Pas du tout !
Bien trop nombreux étaient les gens vaccinés contre le mirage patriotique, et qui savaient qu’on allait les faire tuer pour des intérêts capitalistes et coloniaux.

Dans les années précédant le conflit, tout le mouvement ouvrier (socialistes, syndicalistes, anarchistes) s’était battu sans relâche contre la montée des tensions belliqueuses, contre le « brigandage colonial », contre la course aux armements, contre la prolongation du service militaire, contre la propagande patriotique et militariste d’un gouvernement qui voulait préparer idéologiquement « la nation » à la grande boucherie.

Jusqu’à juillet 1914, malgré la prion, les coups de matraque, la menace du bagne et du peloton d’exécution, la lutte antipatriotique et antimilitariste ne cessa jamais.

C’est cette histoire haute en couleurs que le groupe Alternative libertaire de Toulouse vous invite à découvrir.

Présentation-débat du livre Trop jeunes
pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires
face à la guerre (1909-1914) en présence
de l’auteur, Guillaume Davranche

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27 novembre 2014 4 27 /11 /novembre /2014 10:56
Face aux fascismes : Riposte sociale
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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 16:31

Voici le communiqué du collectif Le Barricade annonçant l'ouverture du Barricade, Local associatif autogéré à Montpellier...

Salut,

On a le plaisir de vous annoncer qu’on a reçu plus de 1000 euros de dons, par le pot commun et par chèque. Du coup, on va ouvrir le Barricade le week-end prochain.

L’ouverture aura lieu le samedi 22 novembre :

  • A partir de 14 h 30 : activités, jeux, dessin
  • Discussion sur les luttes en cours : Luttopia, contre la fermeture de la CAF à Marseille
  • 18h : Présentation du lieu, puis tapas et apéro
  • 20h Musique et fiesta !

Le lieu est situé au 14 rue Aristide Ollivier, à coté de la comédie à Montpellier.

En espérant vous y voir nombreux. Pour l’occasion un bar associatif sera ouvert !

Collectif Le Barricade

lebarricade.montpellier@gmail.com

Samedi 22 novembre: Ouverture du Barricade
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